SEPTEMBRE BLANC - médecins contre la mondialisation néolibéraliste nous écrire personnellement
hommage à  Valérie Gur-Aubert


Hommage à Valérie Gur-Aubert

Comité Septembre Blanc
Janvier 2001

 

BELLA CIAO!

Intro réunion UOG
Valérie est morte
Le temps fragmenté
Le registre du barbare
Ce qui arrive à ceux qui se battent
Valérie est morte
Quelques échos de soutiens
La « manif à rebours »
Bella ciao

Bibliographie

 

La Lutte de Jacob avec l’Ange
Eugène Delacroix
Chapelle des Saints Anges, Eglise Saint Sulpice, Paris


« ce jour là, l’air était immobile et le brouillard profond »

Adrien Gur
St. Paul, Grange Canal, le 23 janvier 2001



 

BELLA CIAO !

« Lorsqu’ils ont arrêté les communistes, je n’ai rien dit car je n’étais pas communiste.
Ils sont venus pour les socialistes, et je n’ai rien dit car je n’étais pas socialiste.
Ils sont venus pour les dirigeants syndicaux, et je n’ai rien dit car je n’étais pas
dirigeant syndical.
Ils sont venus pour les juifs, et je n’ai rien dit car je n’étais pas juif.
Puis ils sont venus pour moi.
Il ne restait plus personne pour dire quelque chose.»

Martin Niemöller (pasteur)

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« Nous, citoyens du monde, acteurs de la santé et patients, réunissons notre colère contre le pouvoir économique des assurances désireuses de tuer l’âme de notre travail en transformant celui-ci en valeur marchande (…) Comme si un médecin n’était qu’un fournisseur de soins et non un visage avec des yeux qui regardent, un sourire qui réconforte et une âme qui entend l’indicible musique du cœur.

Ce combat est le combat pour la beauté de la vie dont l’infinie richesse réside dans la capacité de chacun à être, dans son unicité, créateur de ce qui sans lui ne serait pas.

Mais qu’entendons-nous par créativité dans le domaine de la santé ? C’est ce qui surgit lors de la rencontre « réussie » entre un patient et son médecin, au moment où naît la relation telle une terre féconde où va germer la possibilité de soigner… C’est dans cette relation que s’exprime la créativité du médecin et du patient, aussi unique qu’eux-mêmes, faite de ce qui ne peut être capté par l’outil statistique. Ce dernier ne peut saisir que les reliefs géographiques mais non les profondeurs du territoire relationnel, lieu de reconnaissance d’une langue familière d’où surgit le sentiment d’appartenance à « un pays connu », racine de la confiance thérapeutique.

Les archéologies de chacun se déchiffrent au fil du temps, des mots échangés, des maux soignés. Elles construisent peu à peu le monde de la relation irremplaçable d’un médecin avec son patient.

Ce monde est menacé de disparition si nous laissons l’économique régir la totalité de nos vies. Et ce monde fonde notre humanité, sans lui nous serons livrés à la barbarie du corps matériel…

Il est l’héritage que nous laisserons à nos enfants. Le voulons-nous solidaire et juste ou individualiste et cruel ? La responsabilité de ce choix nous incombe. A nous d’agir (…)

Notre mobilisation s’inscrit par conséquent non seulement dans la perspective de défense de notre liberté professionnelle au sens noble du terme, mais également de dénonciation des dérives d’une société, qui génère souffrance et malheur et dont nous, soignants, ne pouvons ignorer les déterminants. »

VALÉRIE GUR-AUBERT. MANIFESTE DU COMITE SEPTEMBRE BLANC. 12.09.2000


« Bien que cette appellation de “comité Septembre blanc” évoque le nom d’un célèbre groupe terroriste palestinien, elle ne préfigure en rien d’éventuelles actions violentes. Cette appellation tient surtout à exprimer la colère qui est à l’origine de ce mouvement : nous sommes blancs de rage face au démantèlement de notre système de santé et rouges de colère dans l’action que nous menons contre le pouvoir arbitraire des caisses maladies! »

VALÉRIE GUR-AUBERT. DISCOURS D’INTRODUCTION A LA REUNION A L’UOG. 11.11.2000

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VALERIE EST MORTE

Elle nous a tout donné
Le droit et la joie de ne plus avoir peur
Le droit et le courage de prendre la parole
Le droit et la force d’être humain
Le droit et la possibilité d’être responsable dans nos choix comme médecin
Le droit et le désir d’exister comme défenseur de nos patients
Le droit et l’espoir de croire en une pratique médicale plus éthique dans une société
rongée par la puissance de l’argent

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Le temps fragmenté et l’augmentation des maladies liées à la restructuration économique actuelle

« …la fragmentation du temps de consultation en 5 minutes, telle que conçue dans le Tarmed entre dramatiquement en résonance sur le plan symbolique avec la fragmentation en cours dans le monde du travail. Ce choix tarifaire est porteur d’une pensée qui appartient au champ de l’économique et entre en collision avec notre pensée médicale, pervertissant à nos yeux, un aspect essentiel de notre pratique. Celui de la relation au patient (…) un enfant met neuf mois à naître et neuf mois n’équivalent pas à neuf jours. Nous ne voulons pas être des techniciens et gestionnaires de santé. Nous ne voulons pas de ce temps économique qui fait intrusion dans la relation à nos patients et nous contraint à chronométrer ce que nous leur offrons. Nous ne demandons pas un temps maîtrisé et fini mais un temps subjectif et infini qui n’équivaut pas à un temps sans limite. C’est un espace de liberté où peut se reconstruire l’identité bafouée de nos patients dans un monde qui les réduit, qui nous réduit à une valeur marchande. »

« …Monsieur X a 45 ans. Il vient me consulter suite à un accident de scooter avec chute sur l’épaule. Il s’agit d’un traumatisme à priori banal (…) Après deux semaines de traitement, je suis frappée par l’absence d’amélioration (…). Puis soudainement, le patient, me dit abruptement qu’à son avis, une des raisons de la lenteur de la guérison est qu’il ne veut pas guérir. J’apprends alors qu’il est soumis à des conditions de travail extrêmement stressantes ainsi qu’au harcèlement répété de son supérieur hiérarchique (…). Mon patient se sent déconsidéré, non reconnu dans sa souffrance et très en colère. De toute évidence, cet homme a besoin d’être écouté et respecté dans sa souffrance psychique et sa colère pour pouvoir guérir de son épaule. »

VALÉRIE GUR-AUBERT. LETTRE A MME LA CONSEILLERE FEDERALE RUTH DREIFUSS. JUIN 2000

« Cette demande accrue de soins psychiatriques ne dit-elle pas aussi l’intense malaise de patients soumis à des contraintes de plus en plus éprouvantes dans le monde du travail ? Christophe Dejours : Souffrance en France. La banalisation de l’injustice sociale. »

VALERIE GUR-AUBERT. LETTRE A M. LE PROFESSEUR FRANÇOIS FERRERO. AOUT 2000

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Le registre du barbare et
la désobéissance civile

« Car avec ce débat nous sommes bien dans le registre du barbare, c’est à dire de ce qui menace l’humanité dans ses fondements. Et pourquoi cela ? Et bien pour la raison que les maîtres mots de nos sociétés sont devenus « rentabilité et efficacité ». Ce qui s’exprime dans le débat actuel autour de la quantification obsessionnelle de tous nos actes médicaux (…)
Comme le dit si bien le philosophe Levinas : « Toute civilisation qui accepte l’être, le désespoir tragique qu’il comporte et les crimes qu’il justifie, mérite le nom de barbare. » ( cf. De l’évasion, p.98 ).

« Notre collègue le Dr Alain Rouget dans sa lettre parue dans le Bulletin des médecins suisses exprime bien le besoin de soigner en dehors des contingences matérielles, et finit en posant une question essentielle : « Une pratique médicale incluant une concurrence entre les médecins ( pardon… les prestataires de soins) est-elle compatible avec le serment d’Hippocrate et avec le serment de Genève, que nous avons prêté? »

« Ainsi l’éthique est résistance radicale et implique, quand la loi menace l’humanité (en l’occurrence la Lamal et le Tarmed), la désobéissance civile, au sens où l’entend Hannah Arendt (cf. Mensonges et violences en politique). »

VALÉRIE GUR-AUBERT. LETTRE AU DR BLAISE BOURRIT, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES MEDECINS GENEVOIS. AOUT 2000

« Je crois que pour nous aussi, le temps est venu de mobiliser notre colère et celle de nos patients pour défendre notre métier et les valeurs dont il est porteur, qui sont des valeurs fondatrices d’humanité sans aucune commune mesure avec les lois du marché régissant une société marchande où les êtres humains seraient réduits à une valeur marchande. Cette société marchande nie l’humain, elle est barbare au sens où l’entend le philosophe Levinas qui définit l’humanité comme ce qui pousse le moi à tendre la main à autrui et à remettre à plus tard la satisfaction de ses propres intérêts. C’est donc l’antithèse des valeurs marchandes régies par les maîtres-mots de rentabilité et d’efficacité où l’humain passe à la trappe. Et je cite de nouveau Levinas qui dit que « Un état qui se passe de visage (c’est à dire de relations humaines) et se laisse dominer par ses propres nécessités atteste de sa violence et de son inhumanité, c’est à bon droit que les hommes luttent contre lui. »

« Pourquoi parler de revendication citoyenne ? Parce qu’il est urgent que chacun prenne place dans ce débat de société en tant que citoyen, c’est à dire, selon la définition d’Aristote, en tant que sujet responsable capable d’être gouverné et de gouverner aussi bien que ses représentants politiques. La notion de responsabilité individuelle est à mon sens tout à fait capitale dans une époque où les décisions concernant les enjeux fondamentaux de société, auxquels appartient le domaine de la santé, ne sont plus le fait des politiques mais de lobby économique, que ce soit ceux des caisses maladies, des boîtes pharmaceutiques, des multinationales, de l’OMC, du FMI ou de la Banque Mondiale. »

VALÉRIE GUR-AUBERT. DISCOURS A L’UOG. 11.11.2000

« -Dans votre combat, vous utilisez le même langage que les opposants à la mondialisation. Vous allez jusqu’à prôner la désobéissance civile. Qu’attendez-vous des patients et des médecins ?
-Il est nécessaire que chacun se responsabilise face à un système qui ne convient plus et qui exerce des pressions iniques sur les plus démunis. De plus en plus de personnes recourent à l’aide de l’Etat pour payer leurs assurances, cela montre le délabrement de notre système social, dont la santé est un des points fondamentaux. Elle ne peut être gérée comme une entreprise privée. La libre concurrence dans ce secteur est purement scandaleuse : elle n’a pas sa place dans un domaine qui doit rester solidaire. Sur le plan des coûts, l’Etat doit donc occuper un rôle central. Si les lois sont injustes, il faut les transgresser, c’est pourquoi je parle de désobéissance civile. »

VALÉRIE GUR-AUBERT. INTERVIEW PAR MICHEL RIME, JOURNAL 24 HEURES. 11-12 NOVEMBRE 2000

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Ce qui arrive à ceux qui se battent.

Valérie nous a quitté au terme d’un parcours éprouvant qu’aucun de nous n’aurait pu supporter. Valérie n’était représentative d’aucune faction de politique politicienne. Elle était animée d’une forte conscience civique. Vécue par ses patients et amis comme un médecin compétent, dynamique, chaleureux, elle était avant tout très soucieuse de la relation médecin-malade comme un médecin doit l’être. Il lui tenait à cœur de mettre en évidence les effets délétères de la primauté de l’économique sur cette relation médecin-malade.

Sans le détailler, disons qu’elle a dû essuyer dans son combat de dures et injustes attaques portées par une argumentation spécieuse. Elle-même disait que c’était « diffamatoire » ( cf. Courrier des lecteurs. Tribune de Genève du 10.11.2000 )

« On sait comment, dans les systèmes totalitaires, est traité le cas des opposants : exil, exécution, ou camp de concentration. Mais ce n’est assurément pas le cas dans la société néolibérale. L’utilisation de la terreur et de l’assassinat est évidemment ce qui distingue le totalitarisme du système néolibéral. Dans ce dernier, toutes sortes de moyens d’intimidation sont utilisés pour obtenir la peur, mais pas par la violence contre le corps. Il semble que les opposants soient, dans le cas du néolibéralisme, essentiellement confrontés à l’inefficacité de leur protestation et de leur action. Non pas tant parce qu’ils sont minoritaires, mais en raison de la cohérence qui soude le reste de la population à la banalisation du mal. L’action directe de dénonciation est impuissante, parce qu’elle se heurte à l’impossibilité de mobiliser la partie de la population qui adhère au système. Leurs actions et leurs manifestations peuvent être efficientes, mais elles restent d’une faible portée (…)

Doit-on alors conclure que, lorsque le processus de banalisation du mal est engagé, il n’y aurait aucune alternative possible ? Non point, comme on le verra plus loin ! Mais l’action, semble-t-il, doit changer radicalement d’objectif. A l’objectif de la lutte contre l’injustice et le mal, il faudrait substituer une lutte intermédiaire, qui n’est pas directement dirigée contre le mal et l’injustice, mais contre le processus même de la banalisation. Ce qui suppose, au préalable, une analyse précise de ce processus de banalisation.

En fin de compte, la partie la moins mystérieuse du dispositif de banalisation du mal est représentée par le premier étage, celui qui est occupé par des personnes adoptant des positions de psychopathes pervers et de paranoïaques formant le bataillon des leaders du travail du mal. L’énigme fondamentale, c’est la banalisation grâce à laquelle on peut former des troupes de collaborateurs et de personnes consentants, à partir d’une population de braves gens qui disposent, indubitablement, d’un sens moral. Le regard clinique que permet la psychodynamique du travail suggère qu’au centre du processus de banalisation du mal se trouve la souffrance, et que se sont les stratégies défensives contre la souffrance qui, dans certaines conditions, caractérisées par la manipulation de la menace, peuvent être utilisées contre la rationalité morale-pratique, au point de la ruiner (…)

Cette analyse conduit à accorder une place essentielle, dans le fonctionnement de la société néolibérale, aux processus générés par la peur (…)

Le mensonge est indispensable à la justification de la mission et du travail du mal. Ce point est capital. Il n’y a pas de banalisation de la violence sans la participation large à un travail rigoureux sur le mensonge, sa construction, sa diffusion, sa transmission et surtout sur sa rationalisation (…) La plupart de ceux qui alimentent les médias du mensonge ont une claire perception de ce mensonge. Et sur ce point, au moins, ils ont une intuition du clivage psychique auquel ils sont invités par leur appartenance au noyau organisé de la société (…) Lutter contre le processus de banalisation du mal implique de travailler dans plusieurs directions (…) Ceux qui s’y engagent risquent des mesures de rétorsion pouvant aller assez loin. »

CHISTOPHE DEJOURS. SOUFFRANCE EN FRANCE. LA BANALISATION DE L’INJUSTICE SOCIALE. POINTS, ÉDITIONS DU SEUIL. FÉVRIER 2000

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Valérie est morte

Elle devait rencontrer en janvier 2001, à Paris, Christophe Dejours, avec l’intention de lui demander s’il était d’accord qu’elle propose aux organisateurs des colloques du mardi, de l’inviter à parler aux médecins de Genève.

Il existe parfois des éclairs qui illuminent le monde un instant. Ils s’éteignent mais leur lumière continue d’inspirer nos consciences et de réchauffer nos cœurs, pendant très longtemps.

A l’échelle du monde médical suisse, Valérie Gur-Aubert fut un de ces êtres d’exception, qui eut le courage et la manière de dire ce que beaucoup sentaient confusément sans oser se l’exprimer et encore moins l’exprimer publiquement. Tous les messages de soutien et de sympathie qu’elle a reçus sont la preuve de cet écho.

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Quelques échos de soutiens de
personnalités médicales genevoises

« Je ne peux que souscrire à votre analyse et à votre révolte. Je devrais, si j’étais cohérent, aboutir à la conclusion logique de la désobéissance civile. Celle-ci ne me fait pas peur (…) Mais je ne suis pas seul. Je ne fais que représenter les médecins (…) En tout cas, je relaierai votre message, car c’est un cri juste (…) »

« (…) Inscrite dans le mouvement d’une mondialisation économique qui transforme les hommes en objets, la société dépressive ne veut plus entendre parler de culpabilité, ni de conscience, ni de désir, ni d’inconscient. ( Elisabeth Roudinesco ) »
LETTRE DE M. LE DR BLAISE BOURRIT, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES MÉDECINS GENEVOIS, À VALÉRIE GUR-AUBERT. 23 AOÛT 2000

« Je partage largement votre analyse (…) Je me réjouis de votre initiative et j’aimerais vous apporter tout mon soutien dans votre engagement de “résistante”.
Je suis certain que bon nombre de nos collègues psychiatres partagent largement votre analyse et qu’ils seraient prêts à s’y associer. »
LETTRE DE M. LE PROFESSEUR FRANÇOIS FERRERO, CHEF DU DEPARTEMENT DE PSYCHIATRIE, A VALERIE GUR-AUBERT. 28 AOUT 2000

« On retiendra que l’homme politique des années 2000 était un ‘“simple” collabo des financiers, un épicier du droit parlant le juridiquement correct du vide politique.
Eh bien, de la part des médecins, il faudrait que l’on se souvienne qu’ils ne se soumirent jamais à l’inéluctable économique. »
DR BERTRAND KIEFER, REDACTEUR EN CHEF DE MEDECINE ET HYGIENE DANS L’UN DE SES CELEBRES POST-SCRIPTUM. AUTOMNE 2000

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La « manif à rebours » du
lundi 13 octobre 2000.

« Cette manifestation se fera à rebours, c’est à dire en marche arrière, car nous désirons aller à contre-courant de l’évolution de notre société qui abandonne les valeurs humaines fondamentales telles le droit à un système de soins juste et équitable pour tous, pour les seules lois du marché qui régissent bientôt tous les domaines et en particulier celui du politique.(…) Cette manifestation n’est en rien corporatiste, c’est en tant que citoyens que nous descendons dans la rue, car nous ne voulons plus subir mais nous voulons être acteurs du monde que nous laisserons à nos enfants. Un monde où ceux-ci puissent respirer librement sans qu’il leur coûte, un monde où ils puissent choisir leur médecin, leur profession, leur priorité de vie, un monde où ils soient respectés pour ce qu’ils sont et non en fonction de leur porte-monnaie.

Nous voulons de la joie et non pas la grisaille de l’argent, c’est donc une manifestation joyeuse que nous vous proposons, mais en colère.

Cette manifestation est un rassemblement d’assurés c’est pourquoi nous avons pensé construire l’animal qui symbolise le mieux ce statut : le ver de terre sans lequel les forêts meurent, à l’image des assurances qui ne peuvent vivre sans nous. C’est un ver de terre géant, bleu d’espoir qui pourra parcourir en marche-arrière toute la longueur du cortège et de surcroît, au besoin, vous protéger de la pluie.

Nous vous invitons donc à vous transformer en ver de terre solidaire le temps de cette marche qui est un défi et prendra le temps nécessaire pour se dérouler selon ses propres lois comme elle l’entend.

Ce moment est celui de notre liberté citoyenne. A nous d’investir la cité comme nous le désirons et de nous diriger en fanfare et musique vers les Bains des Pâquis où nous attend un feu de joie pour brûler ce chronomètre maudit, ainsi qu’une soupe populaire et du vin pour réchauffer nos cœurs. »

VALÉRIE GUR-AUBERT. DISCOURS DE LA PLACE NEUVE AU DEPART DE LA MANIF DU 13.11.2000, APPELEE PAR LE COMITE SEPTEMBRE BLANC ET LE RAS (RASSEMBLEMENT DES ASSURES : ASSUAS, PHYSIO-ACTION, UNION PATIENTS-MEDECINS)

Valérie tenait beaucoup à ce que cette manifestation soit rythmée par la chanson de Serge Reggiani Les loups sont entrés dans Paris, ainsi que par le chant des partisans italiens Bella ciao. Mais la technologie électronique Hi-Fi n’a pas résisté à la pluie battante qui nous a accompagné tout au long de « ce parcours quasi mythique ».

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BELLA CIAO
1942

Una mattina mi son svegliata
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Una mattina mi son svegliata
Eo ho trovato l'invasor
O partigiano porta mi via
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
O partigiano porta mi via
Che mi sento di morir
E se io muoio da partigiano
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
E se io muoio da partigiano
Tu mi devi seppellir
Mi seppellirai lassu in montagna
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Mi seppellirai lassu in montagna
Sotto l'ombra di un bel fior
Cosi le genti che passeranno
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Cosi le genti che passeranno
Mi diranno che bel fior
E questo é il fiore del partigiano
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
E questo é il fiore del partigiano
Morto per la libertà.

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Bibliographie et discographie:

  • Hannah Arendt Du mensonge à la violence. Agora Pocket Calmann-Levy 1999
  • Christophe Dejours Souffrance en France, la banalisation de l’injustice sociale. Editions du seuil. Février 2000.
  • Catherine Charlier Levinas, L’utopie de l’humain. Albin Michel. Mars 1993.
  • Serge Reggiani « Les loups sont entrés dans Paris »
  • Giuliana Marini le chant des partisans italiens « Bella Ciao »
  • Yves Montand « Mon frère »

 


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